Sokia, actuellement physiothérapeute à Phare, a travaillé chez nous depuis 2004 et participé aux débuts de nos initiatives de protection de l’enfance.

« Quand j’ai commencé à Phare, nous n’étions que deux à coordonner le soutien aux enfants et toujours en dehors du campus, principalement à travers des campagnes de sensibilisation dans les communautés. Nous rendions visite aux familles pour encourager leurs enfants à aller à l’école. Petit à petit, nous avons commencé à prendre contact avec les autorités et les écoles publiques pour attirer l’attention sur les problèmes qui touchent les plus jeunes. Beaucoup d’enfants étaient victimes de traffic d’êtres humains en Thaïlande ou affectés par des problèmes de drogue.

A l’époque, on envoyait les enfants victimes de violence domestique dans d’autres ONG partenaires. Puis Phare a commencé à accueillir des enfants sur le campus, dans un internat. On a eu jusqu’à 34 enfants ici, qui recevaient 3 repas par jour, et les visiteurs pouvaient les rencontrer et les parrainer. Ca a évolué après que le gouvernement cambodgien décide de fermer les organismes de charité hébergeant des enfants qui n’étaient pas reconnus comme étant orphelins.

 

Le concept de notre Centre de Développement de l’Enfance s’est développé autour de 2010, mais il était très informel au début. Les gens n’étaient pas familiers avec la notion de développement personnel de l’enfant… Quand un enfant était malade, on l’emmenait à l’hôpital, quand il était brutalisé, on essayait de régler le problème simplement par la discussion.

Nous n’avions pas de certificat médical ou d’assurance pour les enfants, il était difficile d’accéder aux traitements et aux médicaments… Nous n’avions pas de revenus réguliers et nous nous tournions vers des organisations humanitaires partenaires quand nous avions besoin d’aide. On comptait beaucoup sur les dons venus de France et sur une bourse de l’Unicef dont l’argent servait spécifiquement en cas de problème basique de santé, de premier secours, d’accidents… Il n’y avait pas de bon hôpital à Battambang et parfois nous devions amener les enfants jusqu’à celui de Phnom Penh ou même en Thaïlande!

Je me sentais responsable pour les enfants et je souhaitais améliorer leur bien-être. J’ai commencé à apprendre la physiothérapie avec un entraîneur de football français qui est venu à Phare il y a dix ans. Depuis, j’ai reçu de multiples formations par des experts venus de France et de Suisse. Avec eux, j’ai beaucoup appris sur l’anatomie, et différentes pratiques dont l’ostéopathie, l’acupuncture, et même la psychologie. Je suis allée à Phnom Penh pour étudier l’art de la thérapie et suis revenu pour aider la jeunesse locale qui faisait face à des problèmes d’addiction à la drogue.

Entre-temps, Phare a réuni suffisamment de fonds pour ouvrir officiellement un Département d’Aide Sociale et embaucher des travailleurs sociaux, en 2013. Trois ans après, nous avons redéfini ce qui est aujourd’hui la politique de protection de l’enfance de Phare, à travers un débat plus ouvert avec les communautés. Une salle de consultation a ouvert en 2018, avec un personnel dédié à sa gestion. Cette année, le Comité de Lien à la Protection de l’Enfance a été créé avec l’idée que ce sujet est la responsabilité de tous, et doit être débattu et implémenté par chaque département de notre ONG.

Je poursuis maintenant ma carrière à Phare en tant que physiothérapeute. Je suis beaucoup en contact avec nos étudiants de cirque qui ont un entraînement physique très exigeant dans notre école. Nous essayons de leur en apprendre plus sur l’importance de l’échauffement et de la préparation physique, d’une bonne nutrition et hydratation, du maintien d’une vie saine… Les premiers secours sont enseignés à chaque performeur. Il y a une forte solidarité entre eux sur scène et ils sont bien préparés en cas d’accident lors d’un numéro d’acrobaties.

Il y a encore beaucoup à apprendre, mais nous avons déjà parcouru un long chemin dans l’aide apportée aux enfants cambodgiens! »

Avoir un impact significatif dans la vie de ces enfants est possible grace au système de parrainage collectif d’enfants à Phare !

***